Dans le cadre d’un recrutement classique par candidature (nous mettrons ici de côté le cas spécifique de l’approche directe), la gestion des interactions avec le Chasseur de Tête ou Consultant en Executive Search est souvent perçue comme délicate. Faut-il le contacter directement pour faire valoir sa candidature ? Le relancer une fois la candidature effectuée ? À quel moment ? Comment le faire sans nuire à sa démarche ? Cet article, destiné aux cadres et dirigeants, revient sur quelques bonnes pratiques afin de maximiser vos chances d’être remarqué(e) sans enfreindre les codes professionnels.
Comprendre le processus de travail du Chasseur de Tête dans un recrutement classique
Même si ils sont avant tout des experts de l’approche directe, les Consultants en executive search gèrent aussi des processus de recrutement plus classiques, fondés sur une première phase de collecte des candidatures (le fameux sourcing) via des offres d’emploi publiées sur des joboards spécialisés ou encore sur leur site carrière.
Dans ce type de configuration, et compte tenu de l’attractivité des postes pour lesquels ils recrutent, leur charge de travail est importante : ils reçoivent souvent des centaines de candidatures, qu’ils doivent analyser, trier, évaluer et proposer à leur client.
Il est donc d’abord important de comprendre le processus suivi.
Dans un premier temps, les candidatures collectées sont examinées, souvent au fil de l’eau, sur une période de deux à trois semaines. Le Chasseur de Tête effectue alors une préclassification sur base du CV et de l’étude des autres éléments à sa disposition autour de trois catégories :
- Les profils qui semblent pertinents et correspondent directement aux critères du poste,
- Les profils non pertinents, qui sont trop éloignés du profil cible défini par le client ou alors en deçà des profils dits pertinents,
- Les candidatures intéressantes mais ne répondant pas exactement aux attentes du client final.
Les profils pertinents sont généralement contactés rapidement afin de participer à un entretien de préqualification téléphonique visant à mieux comprendre leur profil, leur démarche de candidature et à valider certains prérequis. Les profils jugés non pertinents reçoivent également une réponse rapide, négative cette fois.
Les candidatures dites « intéressantes » sont dans une situation différente. Ces dernières ne sont pas éliminées car elles pourront encore être considérées en fonction du résultat de l’évaluation des profils plus alignés avec la cible et de leur avancée (ou pas) dans le processus de recrutement côté client. Le Chasseur de Tête ne veut donc pas fermer irrémédiablement la porte à ces personnes car il y a une possibilité qu’il sollicite plus tard certaines d’entre-elles. D’un autre côté, il ne veut pas leur faire perdre leur temps, ni perdre le sien, en les insérant inutilement dans un processus de recrutement déjà avancé.
Lorsque vous ne recevez pas de nouvelles (positives ou négatives) plusieurs semaines après avoir postulé, il est très probable que votre candidature soit « bloquée » à ce stade, dans cette forme de liste d’attente et que le recrutement ne soit pas clos. C’est évidemment très frustrant, mais ce n’est donc pas forcément négatif.
Pour complexifier le tout, le processus de sourcing continue en parallèle et de nouvelles candidatures sont reçues, analysées et triées en continu alors que les premiers candidats reçus par le client font l’objet de retour de la part de celui-ci, ce qui peut conduire à des ajustements et des reclassifications (parfois radicales).
C’est donc un processus complexe et dynamique avec 3 parties impliquées (le Chasseur de Tête, le Client, le Candidat) pour lesquelles la perception de la temporalité est radicalement différente. Le Chasseur de Tête qui a affaire à des dizaines de candidats vit un rythme effréné alors que le Candidat peut, à titre individuel, trouver le temps très long. Quand au client, il a son propre rythme et degré d’urgence et un niveau de disponibilité / réactivité variable selon la mission.
Faut-il contacter le Chasseur de Tête au moment de la candidature ou même postuler directement auprès de lui ?
La réponse dépend du contexte, mais dans un processus de recrutement classique, il est souvent préférable de suivre le processus normal en soumettant sa candidature via le canal indiqué (site carrière, job board, LinkedIn, etc.). En effet, respecter ce cadre montre une capacité à suivre les règles et à s’adapter aux exigences de son environnement, un critère important pour de nombreuses entreprises.
Toutefois, cela n’empêche pas d’adopter une approche complémentaire et proactive en contactant directement le Consultant chargé de la mission si vous avez pu l’identifier. Une prise de contact bien formulée sur LinkedIn ou par email peut permettre de se démarquer et d’attirer son attention sur son profil. Un message court et professionnel, précisant que l’on a postulé via le canal officiel et mettant en avant l’adéquation entre son expertise et le poste ainsi que sa motivation, peut être un levier efficace pour être « plus mémorable » parmi les nombreuses candidatures reçues. Cette double approche, alliant respect du processus et initiative personnelle, maximise ainsi les chances de voir votre candidature analysée de très près (même si celà ne changera pas son évaluation sur le fond) sans risquer de heurter le processus de recrutement.
NB : Si vous n’avez jamais eu de contacts personnels avec le recruteur, notez que les appels téléphoniques directs sont en général perçus de manière plus négative car de facto plus intrusifs. Méfiance donc si vous envisagez ce canal pour une première prise de contact !
Quand et comment contacter le Chasseur de Tête après une candidature ?
Si vous n’avez pas de nouvelles après 3 semaines, une relance peut-être considérée. Cette temporalité est un facteur clé dans l’efficacité de votre relance. Un excès de précipitation peut être perçu comme une impatience malvenue, tandis qu’une attente trop longue risque de rendre la prise de contact inutile.
Pour une prise de contact efficace, l’email est généralement le canal le plus approprié, car il permet une relance discrète et professionnelle. Un message concis, exprimant (à nouveau) l’intérêt pour le poste et demandant un simple point d’avancement sans être insistant, est la meilleure approche. LinkedIn peut également être utilisé pour un « reminder », notamment si le recruteur a déjà interagi avec vous.
En revanche, certaines erreurs sont à éviter : un ton trop insistant ou agressif risque de nuire à l’image du candidat. De même, un manque de professionnalisme dans la formulation (messages trop longs, trop informels ou exigeants) peut jouer en défaveur du candidat. Au total, une relance bien pensée, effectuée avec tact et au bon moment, peut jouer un rôle clé dans la visibilité et l’éventuelle « réactivation » d’une candidature sans pour autant compromettre la relation avec le recruteur.
Attention, ici aussi, l’usage de la relance téléphonique est à utiliser avec modération et une grande habileté pour ne pas être perçue négativement.
Comment gérer la relation avec le Recruteur une fois intégré dans le processus de recrutement ?
Une fois que vous êtes sélectionné pour poursuivre le processus de recrutement avec le client, il est essentiel d’entretenir une relation professionnelle et stratégique avec le Chasseur de Tête qui vous a positionné.
La communication doit être fluide et équilibrée : répondre rapidement aux sollicitations, fournir les informations complémentaires demandés (diplômes, certificats, références..etc) et se montrer disponible pour les échanges qui sont malheureusement parfois multiples. Il est aussi perçu comme particulièrement professionnel d’effectuer un retour (feedback) au recruteur après chaque étape clé du côté client afin de lui permettre de garder de la visibilité sur son projet.
Également, il est important d’être transparent sur les autres processus de recrutement dans lesquels vous êtes impliqué ou encore l’éventuelle fluctuation de votre motivation par rapport au poste. Rien de mieux pour « se griller » définitivement que de se retirer par surprise d’un processus ou refuser une offre sans avoir partagé au préalable les éléments permettant au Chasseur de Tête de l’anticiper et de s’y préparer avec un ou plusieurs plans B. C’est dommage, car une relation de qualité avec un Chasseur de Tête professionnel peut jouer un rôle intéressant dans l’évolution de votre carrière sur le temps long.
Également, il faut éviter d’être trop insistant ou de chercher à contourner le consultant pour contacter directement l’entreprise, ce qui pourrait être perçu comme une rupture de confiance. En cas de silence prolongé entre deux étapes du recrutement, une relance modérée (tous les 10 à 15 jours) peut être envisagée pour montrer son intérêt sans être intrusif. Ici, le contact téléphonique est une bonne option car la relation est créée.
Enfin, même si l’issue du recrutement n’est pas favorable, maintenir (malgré la déception ou la frustration) une relation positive avec le Chasseur de Tête est une toujours stratégie gagnante : un processus de recrutement géré de manière professionnelle peut mener à de futures opportunités plus alignées avec son profil et ses ambitions professionnelles mais ça, c’est une autre histoire.