Le mercato estival du recrutement : ou comment marquer des points avant la rentrée.

L’été en France. Pour beaucoup, ces mots évoquent les vacances, les journées qui s’étirent, une pause bien méritée dans le tourbillon de l’année..et on débranche totalement. Contrairement à de nombreux pays où l’activité économique connaît une simple continuité, la France se distingue par cette notion de « coupure estivale », une pause collective profondément ancrée dans notre culture

Du coup, sur le front de l’emploi, l’idée reçue est que « l’été, c’est le calme plat ». Les recruteurs seraient tous en congé, les candidats à la plage, et les processus de recrutement mis sur pause jusqu’à la rentrée. Si cette perception n’est pas totalement fausse (en particulier au mois d’août), elle est néanmoins largement incomplète.

D’abord, les habitudes ont bien changé et très peu de personnes prennent désormais un mois de congés complet, ce qui transforme mécaniquement la période de juillet-août en une fenêtre d’activité professionnelle « active » de cinq à six semaines.

Ensuite, chaque année, nous observons en effet à posteriori que, contre toute attente, la période estivale a généré son lot d’opportunités..souvent assez inattendues.

Pour les entreprises , les recruteurs et les talents qui savent en tirer parti, l’été n’est donc pas une saison morte, mais bien une période pendant laquelle il est intéressant de garder (au moins) un oeil ouvert

Côté Talents : Pourquoi l’été est votre allié

Pour ceux qui cherchent à donner un nouvel élan à leur carrière ou s’interrogent, l’été offre un contexte idéal.

• Une concurrence moins rude. C’est un fait mécanique : de nombreux candidats profitent de leurs congés pour déconnecter totalement. Résultat ? Le volume de CV déposés chute drastiquement. En restant (modérément) actif, votre candidature gagne instantanément en visibilité. Vous ne serez pas un CV parmi tant d’autres, mais l’un des rares à capter l’attention.
• Le moment idéal pour la prise de recul. C’est souvent lorsqu’on ralentit que les idées s’éclaircissent. Loin de la pression du quotidien, l’été est propice à l’introspection. On se reconnecte à ses besoins (ignorés le reste de l’année quant on a la « tête dans le guidon »), on évalue sa situation professionnelle avec plus de sérénité et c’est à ce moment que mûrissent les décisions de changement. Si l’envie de bouger émerge, l’été vous donne le temps d’explorer tranquillement le champ des possibles, voire d’initier un passage à l’action.
• Anticiper la rentrée pour prendre une longueur d’avance. Ne vous y trompez pas : la rentrée se prépare au coeur de l’été. De nombreuses entreprises finalisent leurs budgets et leurs besoins en effectifs en juin ou début juillet. C’est à ce moment que les postes pour septembre sont définis, financés et souvent ouverts. Être disponible et visible à cette période, c’est l’assurance d’être parmi les tout premiers candidats considérés.
• Un accès privilégié au réseau. L’été est une magnifique période pour le réseautage. Les interlocuteurs habituellement surbookés ont des agendas plus aérés et sont souvent plus ouverts à des échanges informels. Un chasseur de têtes ou un dirigeant que vous peinez à joindre le reste de l’année pourrait bien vous accorder 30 minutes de son temps pour un café (même virtuel) ou une discussion sans objectif immédiat.

Côté Recruteurs : L’été, une période « différente » 

Pour les entreprises et les cabinets de chasse de tête, considérer l’été comme une simple pause est souvent une erreur. C’est au contraire une période qui a bien des avantages.

• Des processus de recrutement souvent accélérés. Certains recruteurs comptent clairement sur l’été pour finaliser les recrutements qui traînaient avant les départs en congés. Avec des agendas allégés de part et d’autre, il est en effet beaucoup plus simple de planifier des entretiens. Les visioconférences depuis un lieu de vacances sont d’ailleurs devenues monnaie courante. On peut ainsi boucler un processus en quelques semaines et avoir une short-list prête à être présentée au client ou au manager dès son retour fin août.
• La possibilité de capter l’attention des talents rares. Les profils les plus convoités sont sur-sollicités toute l’année et nombre d’entre eux n’ont pas le temps de consulter leurs messages Linkedin ou les emails d’approche des Chasseurs de tête. L’été est souvent une fenêtre de tir unique. Moins sollicités, plus détendus, ils sont bien souvent plus à l’écoute des opportunités intéressantes. C’est d’ailleurs une véritable stratégie pour nombre de chasseurs de têtes que d’attendre cette période pour approcher les talents « pépites » habituellement hors de portée.
• Préparer activement la dernière ligne droite. Le quatrième trimestre est décisif pour atteindre les objectifs de l’année. Arriver à la rentrée avec des postes clés déjà pourvus ou des processus suffisamment avancés donne une avance considérable et met dans les meilleures disposition pour aborder la dernière ligne droite. Dans ce contexte l’été n’est souvent pas une pure période de pause, mais la piste de lancement pour un dernier trimestre réussi.
• La possibilité de faire une veille proactive et qualitative. Avec un rythme moins effréné, c’est le moment idéal pour les recruteurs de faire une veille de fond, d’identifier des profils à fort potentiel et de nouer des contacts plus qualitatifs, qui porteront leurs fruits à moyen terme.

Trouver le juste équilibre : entre déconnexion et veille active

Soyons clair, même si l’été présente des opportunités réelles, leur nombre reste limité. Que l’on soit candidat ou recruteur, l’objectif n’est donc pas de rester connecté 8 heures par jour. Cela serait d’ailleurs contre-productif, voire démoralisant.

Par ailleurs, la période estivale reste un moment pendant lequel il est essentiel de recharger les batteries, au plan physique comme psychologique.

La clé est de trouver le bon équilibre. Pour les candidats, il s’agit de passer d’une recherche « active » à une « veille ponctuelle intelligente » : consacrer un peu de temps tous les 3/4 jours à consulter les offres, à réactiver son réseau de manière ciblée, puis à (re)débrancher.

Pour les recruteurs, il en va de même. Il s’agit de concentrer ses efforts sur les actions à forte valeur ajoutée mais aussi celle que l’on pas le temps d’effectuer le reste de l’année, même si elles sont fondatrices.

À l’image du sommeil qui nous régénère, l’été est donc une période de traitement de fond qui nous permet de « processer » tout ce qui doit l’être. Beaucoup de choses se préparent en souterrain, loin de l’agitation habituelle.

Par ailleurs, du point de vue de la gestion de votre énergie, en n’étant pas totalement inactifs, vous vous donnez non seulement la possibilité de saisir d’éventuelles opportunités, mais vous garantissez aussi de garder une « vélocité » suffisante pour que le redémarrage à plein régime à la rentrée ne soit pas trop difficile à gérer.

Bon été à tous !